Le printemps revient, la chlorophylle repeint en vert le paysage, la pelouse monte et nos narines s’émoustillent lorsque vrombit la tondeuse à gazon. Mais d’où vient cette odeur qui envahit le quartier en même temps que le bruit lancinant de la machine ?
Un brin d’herbe ne peut pas bouger face à ses agresseurs: il doit donc trouver un autre moyen que la fuite pour se défendre des insectes, gastéropodes et petits rongeurs. Pour cela, il utilise un gaz de combat :
cis-3-hexénal
LA CHENILLE
Lorsque cet insecte vorace mord la feuille juteuse de la graminée, cela déclenche une réaction immédiate dans les cellules blessées. Celle-ci produisent et diffusent en une fraction de seconde un flash de » cis-3-hexénal ». Cette molécule très odorante suffoque instantanément la chenille. Elle a également un effet antiseptique et active la cicatrisation de la feuille coupée. Elle sert, enfin, de message d’alerte olfactif pour les plantes environnantes, qui peuvent préparer leurs défenses contre l’agresseur. Mais la molécule, instable dans l’air, se décompose très vite et l’odeur s’évanouit en un clin d’oeil. Un peu sonnée, la chenille ne comprend pas d’où vient cette claque olfactive et reprend son repas. Paf ! deuxième giclée d’héxenal. Puis une troisième……Autant de coups de mandibules, autant d’uppercuts ultraverts. La fugacité des flashs d’hexénal, qui ne durent qu’une poignée de secondes, ne laisse pas le temps de s’acclimater à ce gaz répulsif qui vient la frapper à chaque fois. En effet, si l’odeur de l’herbe coupée tenait plus longtemps, la chenille finirait par s’habituer (c’est le phénomène bien connu de l’accoutumance) et pourrait grignoter son herbe tranquillement. Mais découragée par ses attaques brèves mais répétées, elle s’en retourne manger du mûrier. C’est plus fibreux mais bien moins violent. VICTOIRE de l’herbe .
LA VACHE
Elle aussi connait bien les petits coups piquants de l’herbe. Depuis toujours, elle sait que l’hexénal lui permet de connaitre la fraîcheur du gazon. L’agreste odeur dénote en effet une herbe grasse et bien arrosée, quand une maigre pelouse sèche sent à peine le foin.
L’HOMME
Nous entretenons un rapport intellectuel et sentimental avec cette odeur. Qui n’a jamais mâchonné, le regard au loin, un brin d’herbe? La prairie est le cadre de nos contemplations, et l’herbe coupée ravive des souvenirs: les jeunes printemps aux genoux verdis, les piques niques familiaux, le plaisir domestique de tondre le gazon, L’hexénal a une odeur de nostalgie joyeuse.
LES PARFUMS
Le cis-3-hexénal est trop instable pour se laisser enfermer dans un flacon. Le parfumeur utilise des molécules cousines, telles que son isomère cis-2-hexénal, le cis-3-hexénol ou l’acétate d’hexényle, moins odorantes mais plus stables.
AQUA ALLEGORIA HERBAFRESCA – GUERLAIN Parfumeur : JEAN PAUL GAUTHIER – Date de sortie : 1999 – Herba Fresca est une Eau de Toilette spontanée et naturelle, une invitation à marcher pieds nus dans l’herbe coupée mouillée de rosée. Avec sa résille dorée, son flacon, pur et raffiné, est un hommage au célèbre flacon Abeilles de Guerlain.
Déjà Le Printemps – Oriza L. Legrand – Sortie 2012 – Déjà le Printemps est un parfum végétal, floral et boisé initialement lancé en 1920. Oriza L. Legrand est une maison de parfums qui fut créée en 1720 et relancée en 2012. La fragrance est ‘une promenade au cœur de la nature qui s’éveille.
Chanel Les Exclusifs Bel Respiro Eau de Parfum . – Parfumeur : JACQUES POLGE – Année de sortie : 2007 – Bel Respiro est le nom de la maison de campagne qu’achète Mademoiselle Chanel à Garches en 1920. Décrit par les parisiens comme un ‘paradis bucolique’, la maison s’ouvre aux artistes et amis de Coco Chanel. Pour l’évoquer, Jacques Polge a souhaité recréer ‘un parfum idéal de fraîcheur et de raffinement’. Bel Respiro est une fragrance rare de la collection Les Exclusifs en vente exclusivement dans les boutiques Chanel.
UN JARDIN SUR LE TOIT – HERMES – Parfumeur : Jean Claude HELENA – Année de sortie : 2011 – Après la Méditerranée, les rives du Nil et la nature indienne, Hermès nous convie au 24, faubourg Saint-Honoré à Paris, son magasin historique. Au dernier étage de la maison Hermès, sur le toit, se cache un pommier, un poirier, un magnolia et même de nombreuses ‘herbes folles’. Jean-Claude Elena, le parfumeur de la maison qualifie l’odeur qui émane de ce jardin de ‘parfum de lumière et de plaisir… fruité végétal floral’.